Xu Dishan (1893-1941)
Essay by plopen • August 24, 2016 • Essay • 558 Words (3 Pages) • 1,192 Views
Xu Dishan (1893-1941), « Panégyrique des revenants » (mai 1922) (version de travail)
Avez-vous déjà entendu, par une morne nuit de lune, l’Hymne des revenants? Un jour, je marchais
solitairement dans la montagne vide ; à part le clapotis que l’on entendait légèrement au loin, de poissons
sautant dans un froid étang, tout était prisonnier de la rosée glacée de la lune. Mes vêtements étaient
extrêmement humides, et mes jambes, raidies par la marche. Alors que je m’apprêtais à m’en retourner chez
moi, je me retrouvai, sans rien y comprendre, dans un lieu où les morts résident. Et parce que j’étais exténué,
je m’assis sur un autel pour me reposer. Là, je vis une foule d’ombres de toutes tailles sortir de chacune des
tombes. Ils venaient vers l’endroit où je me trouvais assis comme s’ils ne m’avaient pas vu.
Ils allaient d’une tombre à l’autre ; ils avançaient en rangs, celui de devant lançant un vers, ceux de derrière
répondant, comme s’ils effectuaient quelque pèlerinage. Mais je n’avais pas peur, et restais calmement assis
à leur côté, écoutant leurs répons.
Le premier rang entonnait : « Qui est le plus béat? »
Chaque rangée à la suite répondait :
« Celui qui ayant perdu la vue, ne distingue plus le jour de la nuit »
« Celui qui ayant perdu l’ouïe, ne distingue plus les sons »
« Celui qui ayant perdu l’odorat, ne distingue plus les odeurs »
« Celui qui ayant perdu le goût, ne distingue plus le doux de l’amer »
« Celui qui ayant perdu le toucher, ne distingue plus le fin du grossier, le chaud du froid. »
Une fois le chant repris par chaque rang, tous chantèrent en choeur : « Béat celui qui a rejeté les sens!
Heureux nos squelettes ! »
Les ombres du premier rang continuèrent ainsi : « Nos squelettes doivent être loués. Chantons leurs
louanges. »
Le rang de tête ayant fini, à nouveau chacun reprit l’un après l’autre :
« Nous chantons tes louanges, car lorsque tu pleures, tu n’as plus de larmes. »
« Nous chantons tes louanges, car lorsque tu t’emportes,
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